Blackstar

Je poursuis ma petite rétrospective des épisodes Blackstar.
John Kenneth Muir ayant publié une review sur l'épisode Lightning City of the Clouds, je reproduits la traduction de cet avis et je donne le mien dans la foulée.

Pour une fois, mon avis s'éloigne de celui de John Kenneth Muir. J'aime bien l'épisode Lightning City of the Clouds. Rien que son titre original a quelque chose d'assez poétique. Moi qui apprécie la féérie, je trouve que l'ambiance glacée, enneigée de l'épisode possède quelque chose des contes et légendes des pays de l'est dont la lecture, ou le visionnage des adaptations, prend toute sa saveur à l'approche de Noël, au hasard, Moroz Ivanovich, Le grand-père des glaces. Et puis, il faut rappeler que la pièce maîtresse de la gamme de jouets Blackstar est bien sûr le Château des glaces d'Overlord, sans compter que la diffusion initiale du dessin-animé dans Vitamine coïncidait pleinement avec l'approche des fêtes de fin d'année 1985.


Peut-être faut-il voir un clin d'oeil au Seigneur des Anneaux dans la séquence dans laquelle Rif est désespéré par le froid polaire qui envahit Sagar, et pressé d'ouvrir la cassette renfermant le printemps, à tel point qu'il en vient à tenter de la fracasser à l'aide d'une masse … sans grand succès !

John Kenneth Muir exprime une redondance entre le risque perpétuel qu'encourt la planète Sagar de devenir une terre gelée, et celui d'être engloutie dans l'épisode Kingdom of Neptul. Je l'accorde, c'est effectivement un ressort scénaristique classique. Dans les Maîtres de l'Univers, Tenebros veut par exemple plonger Eternia dans une nuit éternelle, il en va de même pour Darkness dans le superbe Legend de Ridley Scott.
Mais l'ambiance, encore une fois, se démarque totalement de celle de l'épisode Kingdom of Neptul. Et j'ai été bien plus séduit par ce manteau blanc qui recouvre Sagar que par la visite du royaume d'Aquaria. Néanmoins, ce n'est pas le seul motif répété dans le dessin animé Blackstar : La silhouette de Leilanna devient vaporeuse comme celle de Mara dans l'épisode The Overlord's Big Spell, par exemple.
Le manque d'informations autour du personnage de Leilanna est par contre dommageable. Sur ce point, je rejoins John Kenneth Muir. Si cet épisode de Blackstar est comparable avec celui de l'épisode Time Doesn't Fly des Maîtres de l'Univers puisqu'ils évoquent tous deux le cycle des saisons, on s'identifie assurément mieux à la princesse Kathay qu'à Leilanna. John Kenneth Muir désigne cette dernière comme une princesse … Aucune certitude sur le titre à lui accorder, la page wikipedia sur Blackstar indiquant qu'elle est « possiblement » une demi-déesse … 
Néanmoins, le charme opère. La majestueuse statue glacée de Blackstar et de son dragon qui prend vie aurait toute sa place dans la gamme de jouets Orli Jouet si elle avait traduite dans un plastique blanc translucide. Quant à l'attitude de Crios, le méchant obséquieux vis à vis d'Overlord, elle reflète toute la froideur de sa constitution glaciale. J'adore son état de panique en voyant le printemps reprendre ses droits … "épargne moi printemps! Non! Je t'en prie". Comme Glaçor (épisode The Ice Age Cometh des Maîtres de l'Univers) ou comme la fille du Maître des Glaces (épisode The region of ice des Maîtres de l'Univers), il ne semble pas apprécier les montées de températures !

J'ai beaucoup apprécié la traduction française de l'arsenal aérien de Crios, le « cumulo-torpilleur », un nom qui claque ! Cette machine de guerre s'attaque à la cité de Leilanna … cité, comme le titre de l'épisode l'indique, qui semble camouflée dans les nuages, une idée possiblement reprise dans l'épisode Treasures of the First ones du dessin animé She-Ra, la Princesse du Pouvoir, dans lequel une machine capricieuse produit une fumée pour camoufler le vaisseau du Faucon des Mers et lui donner l'apparence d'un nuage, … sans grand succès non plus car Hordak n'est pas dupe.

Je reviens au personnage de Leilanna, la gardienne de la clé de la cassette qui permet de libérer le printemps. Allongée et endormie, la séquence dans laquelle Blackstar vient la réveiller n'est pas sans rappeler Blanche Neige, une inspiration qui s'additionne à celles des sept Nains pour les Trobbits.

Physiquement par contre, Leilanna est quand même dérangeante. Finalement, elle fait davantage peur que Taleena, l'antagoniste de l'épisode The Crown of the Sorceress. Les yeux laiteux sont naturellement en cause. Mais après tout, les Maîtres de l'Univers, une nouvelle fois, n'hésiteront pas à faire d'un personnage dénué de pupille, un être bienveillant avec le géant de l'épisode The heart of a giant.

Enfin, une image qui m'a marquée, est celle du buste d'Overlord, une manifestation de l'hubris du sorcier invincible qui exerce sa malveillance sur Sagar !

Dans l’épisode The Mermaid of the Serpent Sea, les Trobbits rassemblent une cargaison de « fruits du pouvoir » et de « noisettes de la connaissance » pour les remettre aux Sirènites (The Mermanites en version originale) qui habitent le Récif de la Couronne Rouge (Red Crown Reef en version orginale).

Ils naviguent vers le récif et découvrent que ce peuple aquatique a été attaqué par un bateau fantôme commandé par le Capitaine Typhot, un serviteur d’Overlord.

Typhot veut s’emparer des fruits et des noisettes pour lui et son maître, et transforme les Sirènites en murènes sauvages.
Heureusement, Blackstar, Klone et Mara arrivent à la rescousse...

Dans cet épisode de Blackstar (studio Filmation - 1981), les téléspectateurs font la connaissance de Typhot, un nouveau séide haut en couleur d’Overlord. Ce malfaisant capitaine pirate est au commandement d’un navire puissant. Ce vaisseau fantôme peut se camoufler pendant la bataille et téléporter sa cible grâce aux faisceaux qu’il projette. En d’autres termes, le figure de proue du navire qui représente un dragon, ouvre sa gueule et libère un rayon lui permettant de capturer ses victimes; les Sirènites en sont la cible. Blackstar lui-même est confronté directement à ce faisceau dans l’épisode The Mermaid of the Serpent Sea.

Je ne sais pas si je l’ai précédemment mentionné dans mes critiques, mais l’effet sonore « bionique » produit par l’épée stellaire au moment de son utilisation, est similaire à celui entendu dans l’Homme qui valait 3 milliards (1973-1978).
L’épisode The Mermaid of the Serpent Sea permet de comprendre l’importance qu’accorde Overlord à la mainmise sur les Trobbits et surtout sur leur arbre. Cet arbre produit des « fruits du pouvoir » - qui améliorent la condition physique et la puissance, et les « noisettes de la connaissance » (il y a une touche d’humour dans cette dénomination) qui augmentent les capacités intellectuelles. Ainsi, l’arbre n’est pas seulement un foyer pour les Trobbits, c’est une source d’énergie et d’optimisation de performances.

The Mermaid of the Serpent Sea est un épisode sympathique du dessin animé Blackstar. Le monde de Sagar et ses habitants sont développés de façon intéressante. Par exemple, il contient un beau flashback dans lequel l’équipage du Galion d’Or est secouru par les sirènites, avant que le capitaine Typhot et son navire ne soient renversés.

Le seul aspect négatif que je souligne dans cet épisode implique Klone. Malgré son rôle de premier plan, les scénaristes ne font rien pour étoffer son personnage. Ce métamorphe est-il unique en son genre comme Odo de la station spatiale Deep Space Nine (Star Trek) ? Ou appartient-il à une race native de Sagar ? Pourquoi est-il un allié proche de Blackstar et de Mara ?

Si le personnage se révèle utile pour ses capacités métamorphes, à ce stade du dessin animé, il ne possède aucune profondeur. Nous ne savons rien de son peuple, de sa personnalité, ni même de sa philosophie politique (comme les Vulcains et leur logique, par exemple, dans Star Trek).

Pour ma part, The Lord of Time est un épisode que je revois avec une certaine difficulté. Du coup, je tends à le mettre dans le même sac que l’épisode The Kingdom of Neptul. Pourtant, The Lord of Time est meilleur. Je pense même qu’il possède de solides qualités … Mais la redondance de l’animation du geste de la main de Kadray pour s’emparer du gland (je pense que la séquence est répétée cinq fois) me dérange. Et le Sorcier du Temps lui-même mériterait un autre traitement puisque l’arme qu’il utilise est la plus redoutable qui soit de tout le dessin animé, à égalité dirais-je avec les lames de Blackstar et d’Overlord. Sans compter que la fameuse Fontaine de Feu mériterait un meilleur développement, j’y reviendrai.

Kadray est donc présenté comme étant à la solde d’Overlord … Fondamentalement, avec la puissance que lui confère son sceptre, j’aimerais savoir ce qui l’empêche de s’émanciper … D’autant qu’il se targue d’être invincible (« Personne ne peut vaincre le Seigneur du Temps »). On pourrait imaginer que c’est une façade et qu’il est sous l’influence d’un sortilège comparable à celui qui frappe le Chevalier d’Emeraude, un sortilège qui menace de le faire dépérir s’il prend son indépendance, ce serait une humiliation auquel cas quand on se targue d’être le « Seigneur du Temps ».

Effectivement, concernant le sceptre temporel que Kadray utilise avec générosité dans tout l’épisode, je rejoins John Kenneth Muir. Ce sceptre est davantage qu’un artefact capable de rajeunir ou faire dépérir celui qui en est la cible.  A l’examen de la forêt vierge et de la faune qui surgit en lieu et place d’un désert, il est littéralement capable de faire remonter le temps, de ressusciter des espèces susceptibles d’avoir disparu, comme le Drachadon de l’épisode Creatures from the Tar Swamp des Maîtres de l’Univers.
Cette séquence est d’ailleurs la meilleure de l’épisode The Lord of Time. A ce titre, elle préfigure la gravité des rencontres successives de Blackstar et Katana dans le monde souterrain de Sagar : insecte hématophage ayant muté, « tyrannosaure » cyclope, « ptérodactyle » géant, et même des « hyènes » qui serviront de modèles aux compagnons du farfadet Tullamore dans l’épisode The Dragon’s gift des Maîtres de l’Univers. Cette ambiance sauvage rappelle aussi que Blackstar a certainement été influencé par Mightor, le héros préhistorique du studio Hanna Barbera (Blackstar et Mightor partagent comme point commun d'avoir une tenue vestimentaire minimaliste et d'être accompagné par un animal cracheur de feu). mais quelque part, Mightor semble beaucoup moins s'embarrasser de codes visant à aseptiser la violence, car on le voit frapper violemment géants, dinosaures et même des plantes carnivores démesurées tout le long des trente-six épisodes qui composent la série animée titrée Les exploits Mightor.

Dans l'épisode The Lord of Time, En dehors du traitement de Kadray, je n’ai pas spécialement apprécié la conception de la Fontaine de Feu par les dessinateurs de Filmation. C’est rarement le cas, mais dans cet épisode, l’imagination aurait pu être plus poussée … Le château lui-même autour de laquelle il a été bâti, manque d’emphase. Son architecture pour un dessin animé est même standardisée …Oui, il est sensé abriter les Lutins du désert, aucune consonnance maléfique dans le nom de ce peuple (les fameux « Sylviens » de la version française, j’ignore ce qui a motivé cette erreur de traduction), alors il est concevable que l’architecture de ce château ne soit pas cauchemardesque, à l’instar de la forteresse du Duc Desola sur Etheria par exemple.
Mais lorsque l’on sait que d’une part, les lutins du désert étaient belliqueux dans un passé lointain (un chromosome réveillé en eux par Kadray … sans pour autant qu'ils n'incarnent une menace sérieuse), et d’autre part que la Fontaine de Feu se caractérise avant tout par sa nature méphistophélique, un environnement effrayant, en pierres sculptées représentatives de démons et autres chaotiques, aurait finalement eu toute sa légitimité … Un défi parfaitement relevé pour la cité flottante de Marakand (épisode The Zombie Masters) ! D’autant que les personnages pénètrent dans ce château, contrairement au temple du territoire des Démons (épisode The Crown of the Sorceress).
Une fois à l'image, la fameuse fontaine ne retient pas l’intention. Par exemple, le creuset utilisé par Skeletor pour réveiller Molkrom est visuellement beaucoup plus angoissant (épisode Reign of the Monster des Maîtres de l’Univers). Et naturellement, pour une fontaine endormie et de nature maléfique, les conséquences de son « réveil » en plongeant dedans le gland de Sagar sont attendues par le téléspectateur … En vain. Pourtant, Balkar, en historien de Sagar, fait une brillant allusion à cette fontaine au détour d’une séquence dont le background n’est pas sans rappeler le celluloïd suivant acquis par un certain barbarian, membre de notre forum !!

Concernant les autres personnages, comme l’indique John Kenneth Muir à propos de Klone, ils sont simplement mis au service de l’histoire et non l’inverse. Le vieillissement dont est frappé le personnage de Storm relève d’un schéma classique (Tygro dans les Cosmocats, Leoric dans les Visionaries, Diana dans le Sourire du Dragon, etc sont confrontés à une situation similaire).
Triton, le taureau volant, marque quand même les esprits avec ses yeux laiteux diaboliques. Ses dents sont celles d’un carnivore, tel un Moloch de Sagar dont le repas carné serait composé de Trobbits à la place d’enfants.
Blackstar, le héros, lui tire particulièrement son épingle du jeu. Le duel qui l’oppose à Kadray est haletant, les deux adversaires se rendent coup pour coup, et sont un miroir l’un pour l’autre : chacun chevauche sa propre monture, Warlock pour Blackstar, Triton pour Kadray, dans un balai aérien virevoltant, et l’épée adamantine de Blackstar est confronté à un artefact tout aussi redoutable, le sceptre temporel.
Dans cet épisode, la puissance que confère l’épée stellaire à son détenteur est particulièrement exprimée, notamment dans la séquence  où Blackstar dégage dans un fracas explosif les rochers qui l'ensevelissent. Une démonstration digne de Musclor lorsqu'il se dégage des débris de Colossor, mais également digne d’un Superman … personnage auquel fait d’ailleurs illusion Gossamear en début d’épisode : « Regardez cette chose dans le ciel, est-ce que c’est un oiseau ou un insecte ? ».

Mon impression globale est donc mitigée. A ce titre, je laisse donc à chacun le soin de se faire sa propre opinion vis-à-vis de l’épisode The Lord of Time.

Dans le premier épisode de la série animée Blackstar (studio Filmation - 1981) - intitulé City of the Ancient Ones  - le maléfique Overlord (Alan Oppenheimer) réveille Amber, la sorcière, de son état de stase prolongé dans le temple des singes des cavernes.
 
Amber est hypnotisée pour lui faire croire que Mara (Linda Gary) et Blackstar (George DiCenzo) sont ses ennemis, puis Overlord lui demande de le guider jusqu’à la cité de Tamboriyon, dans laquelle il espère acquérir les pouvoirs secrets des Anciens.
 
En particulier, Tamboriyon abrite le Sanctuaire de la Sagesse, dans lequel des parchemins secrets sont conservés.
 
Blackstar et Mara - qui était autrefois l’amie proche d’Amber - doivent mettre un terme aux ambitions d’Overlord, et affronter le gardien robot géant de Tamboriyon.
 
Quand les Trobbits tentent de leur venir en aide, ils se retrouvent prisonniers à l’intérieur de l’anneau de pouvoir d’Amber ...
 
L’épisode City of the Ancient Ones établit le modèle pour les futurs épisodes de Blackstar. Overlord élabore un plan pour obtenir le pouvoir suprême, en ayant recours à un sous-fifre et sa magie (ici Amber revêt ce rôle après avoir subi un lavage de cerveau) mais ses ambitions se fracassent sur la montagne de muscles incarnée par John Blackstar.
 
A la fin de l’épisode, l’ordre est rétabli ou a minimum le statu quo, et les plans d’Overlord ont échoué.
 
Finalement, certains détails, ainsi que l’histoire qui gravite autour des personnages, retiennent davantage l’attention que ce scenario classique.
 
Par exemple, Blackstar note sans détour qu’il « ne s’habituera jamais à avoir autant de pouvoir », suggérant que la gravité ou l’atmosphère de la planète extraterrestre Sagar le rend plus puissant qu’il ne le serait sur Terre. Flash Gordon fait le même constat à propos de sa force sur la planète Mongo, (Les Nouvelles Aventures de Flash Gordon - studio Filmation - 1979-1981), mais il est pertinent que Blackstar dévoile cette explication dès le premier épisode.
 
J’apprécie également cet épisode parce qu’il suggère que Sagar peut s’enorgueillir d’une lointaine et fascinante Histoire. L’objet de la quête d’Overlord est une cité dans laquelle le pouvoir l’attend, une cité dont seule Amber connaît la localisation.
 
Nous sommes amenés à réfléchir sur la façon dont Sagar a décliné d’une civilisation dont la cité de Tamboriyon est le témoignage, à l’état de relative barbarie qui se dégage de ce premier épisode. Peut-être que des seigneurs de guerre comme Overlord ont pillé ses trésors et bâillonné la liberté pendant des générations. Cette idée est sous-entendue dans la tirade. « Je me demande si la planète va Jamais revenir à la paix des temps anciens », dit-elle. Ainsi, comme Altrusia dans la série Land of the Lost (1975-1977), Sagar propose une civilisation non pas en pleine expansion, mais décadente.
 
Une étrange sous-intrigue de l’épisode City of the Ancient Ones suggère que Mara sait qu'Amber est retenue prisonnière (dans les fameuses cavernes des singes troglodytes) qu’elle mais n’a jamais cherché à sauver son amie. J’aime l’idée, cependant, qu’une femme nommée Amber possède une bague ornée d’une escarboucle capable de piéger ses ennemis à l’intérieur. Les Trobbits se retrouvent congelés, essentiellement par la faute d’Amber, et littéralement emprisonnés à l'intérieur de cette gemme magique.

City of the Ancient Ones est un excellent épisode. Il ouvre brillamment le dessin animé, même si Search for the Power Sword peut pleinement revêtir ce rôle introductif (cf. trivia reporté par barbarian).
Comme le souligne John Kenneth Muir, l'épisode City of the Ancient Ones permet de se faire une idée du passé de Sagar. Un passé flou, obscur toutefois. Il est parfois difficile de corréler les indications entre elles car elles ne sont pas explicitées. Qui est véritablement Amber par exemple, quel rôle a t-elle joué par le passé, pourquoi est-elle emprisonnée dans le temple des Singes ? …
Et les singes eux-mêmes, ouvertement primitifs manifestement, et pourtant ils occupent un temple à la pierre sculptée, avec des représentations à leur image. Comment de telles créatures ont-elles pu l'ériger ? Voilà un exemple d'interrogations que l'épisode soulève … sans jamais y répondre, axant son déroulement sur l'action et l'enjeu, à savoir éviter qu'Overlord n'accède aux secrets contenus dans le parchemin des Anciens.

Mais cette opacité autour du passé de Sagar participe à la réussite de l'épisode, et plus généralement du dessin animé dans son ensemble. En ce sens, il s'inscrit pleinement dans l'esprit des premiers mini-comics des Maîtres de l'Univers, qui faisaient la part belle à l'ambiance mystérieuse qui caractérise le Château des Ombres (« Forteresse puissante et mystérieuse pour Musclor et ses ennemis »). Une aura de mystère qui plane également sur le passé d'Eternia, tant dans les premiers minicomics, que le dessin animé Filmation, que certains récits publiés chez Ladybird (par exemple, la traversée du labyrinthe d'Eternité dans le livre Musclor affronte la bête : « Depuis les grandes éruptions volcaniques qui avaient eu lieu des milliers d'années auparavant, toutes sortes de monstres étaient restés prisonniers du labyrinthe. Des hurlements étranges montaient des profondeurs et des yeux luisaient dans les ténèbres ... ».

Si les animaux rencontrées dans l'épisode City of the Ancient Ones se réduisent  aux singes, à Warlock, ou à la forme de chiroptère revêtue par Klone, la suite du dessin animé réserve bien des trouvailles … En attendant, le passé de Sagar est imprégné de son évocation des Glorieux Anciens. Comme l'expression The Ancient Ones fait référence à des ancêtres vénérables, l'emploi du terme « Glorieux » se justifie dans la version française …
Et comme l'indique John Kenneth Muir, leur existence coïnciderait avec l'émergence d'une période de paix sur Sagar … Pour le comprendre, il ne faut pas s'arrêter à la version française de l'épisode : Lors de l'apparition de Mara à l'écran, elle s'interroge sur la planète ou l'étoile dont Blackstar est natif, alors que ses paroles en version originale sont les suivantes : « I wonder if this planet will ever get back to the peacefulness of ancient times ». La planète Sagar telle qu'on la découvre transpire la décrépitude (et il faudra pratiquement attendre le dernier épisode, avec la révélation de la cité de Gondar, pour que cette impression ne s'efface partiellement). La découverte par Mara de la magnifique cité de Tamboriyon incarne à la foix le souvenir de périodes plus prospères, heureuses et d'élan civilisationnel, et l'espoir de jours meilleurs.
Dès le début de l'épisode pourtant, l'apparence primitif des singes contraste avec les armes utilisées par les hommes d'Overlord. Comme si aujourd'hui, sur Sagar, la technologie la plus avancée, ne visait plus qu'à produire des armes, en l'occurrence des blasters qui projettent des rayons glaçants.

La géographie de la planète Sagar telle qu'on la découvre dans l'épisode City of the Ancient Ones est également particulièrement hostile. La quiétude autour de l'arbre de Sagar fait en effet rapidement place aux terres gelées du royaume d'Overlord ainsi qu'à une immense chaîne de volcans en éruption autour de laquelle la vie n'a pas sa place, et suscite chez le téléspectateur une expression de découverte proche de celle de Zoar le faucon, plongé dans un état de déréliction lorsqu'il est projeté sur une planète volcanique anonyme dans l'épisode Teela's triumph. En matière d'hostilité élémentaliste, la tempête de sable projetée par Overlord contre ses ennemis est nettement plus spectaculaire que la trombe que crée Skeletor pour ralentir Musclor dans l'épisode Great books mystery. Et cette impression d'un monde vaste et hostile va se confirmer une nouvelle fois en découvrant la dimension désertique dans laquelle Klone et les Trobbits sont expédiés. La séquence est très spectaculaire : la colonne de flamme projetée par Amber forme une circonvolution autour de l'orbe dans lequel est apparu l'image du château de glace et balaye littéralement Klone, Rif, Poulo, Carpo, Burble, Terra et Gossamear !
Lorsqu'ils prennent conscience qu'ils sont enfermés dans la gemme d'Amber, ils doivent faire face à un golem dont l'apparence sera reprise pour les gardiens de la Graine d'Etoile dans l'épisode The Search des Maîtres de l'Univers.

Cette idée d'un monde parallèle dont la porte est une gemme surnaturelle est excellente. Elle également utilisée dans le dessin animé Les Mondes Engloutis, à l'épisode Les prisonniers du temps perdu et prend la forme d'une pierre précieuse de couleur verte qui orne un masque ancien.
La cité de Tamboriyon est exceptionnelle. Elle n'est pas visitée intérieurement, à l'exception du Sanctuaire du Savoir, mais son architecture est une preuve du génie des dessinateurs du studio Filmation. Nous l'avions déjà souligné dans ce topic : https://princeadam.1fr1.net/t2616-reflexion-sur-l-histoire-de-la-planete-eternia-o

Parmi les personnages, Amber est particulièrement marquante. Comme je l'ai exprimé plus haut, son personnage est entouré d'un halo d'interrogations … Si elle possède un physique agréable malgré son âge qui se compte au minimum en siècles, j'aimerais notamment connaître l'inspiration des auteurs pour son avant bras monstrueux. Par chance, elle réapparaît dans la bande dessinée publiée dans Pif Gadget. Le petit Poulo se démarque également. Comme ses amis Trobbits, sa tête chenue est à mettre en perspective avec l'ancienneté du monde Sagar, mais ici, il joue le premier rôle tant à cause de ses expérimentations alchimiques en début d'épisodes (il préfigure à ce titre Orko, et notamment la séquence de l'épisode Battlecat dans laquelle il crée un monstre gazeux d'apparence ophidienne en manipulant les éprouvettes du Maître d'Armes)… que grâce à son courage et son sens de la déduction qui lui permettent de vaincre le golem !
Overlord est magistral. D'ailleurs il faut rendre hommage à Henry Djanick dont le timbre de voix colle à merveille à ce seigneur des Ténèbres, ajoutant à sa gravité ! Froid, calculateur, fier, et puissant, il imprègne durablement le dessin animé de la menace élevée qu'il représente.
Dans cet épisode, je préfère le rôle rempli par Mara à celui de John Blackstar (en ce sens, je rejoins l'impression de John Kenneth Muir exprimée dans sa critique de l'épisode The Lord of Time). Elle incarne presque le leadership de la lutte contre Overlord à travers sa détermination à faire reprendre ses esprits à Amber, et la sororité exprimée avec sa consœur pour frapper le point faible de Sumaro, le gardien de la cité de Tamboriyon. Quel dommage que Mara n'ait d'ailleurs pas été proposée en figurine sur le sol français.
Sumaro lui est à rapprocher des gardiens frustes et brutaux de certains épisodes des Maîtres de l'Univers comme Aroo, le protecteur de la cité des Grands Anciens sur Eternia, ou Colossor, le géant des ruines anciennes … Son rôle est davantage de protéger le secret des Anciens de Sagar que de protéger la cité de Tamboriyon elle-même car dans sa volonté de détruire les indésirables, il n'hésite pas à broyer les beautés de la cité … Je le comprends quelque part, car une fois entré dans le Sanctuaire du Savoir, Overlord accède presque trop facilement au rouleau de parchemin contenant les secrets des Glorieux Anciens. A tel point que l'on peut s'interroger s'il ne s'agit pas tout simplement d'un apocryphe destiné à duper celui qui convoite le pouvoir, une imitation comme les faux disques d'or de la connaissance disposés par Skeletor dans l'épisode Golden Disks of Knowledge des Maîtres de l'Univers …

City of the Ancient Ones est donc un excellent épisode introductif qui jette le téléspectateur dans un monde de fantasy, vaste, obscur et périlleux, ouvertement prometteur pour la suite de ce magnifique dessin animé de Planet Opera.

Revenons aujourd'hui sur l'un des épisodes les plus célèbres de l'histoire américaine du jouet, celui de la dénonciation du caractère satanique de nombreuses gammes.

Cette dénonciation a notamment été orchestrée par les pasteurs Gary Greenwald et Phil Philipps.
Dans un élan paranoïaque, les deux hommes ciblent le risque profond de basculer dans la sorcellerie, le blasphème, la démonologie, la perversion, la barbarie, et j'en passe, pour tous les enfants des années 80 qui se complaisent dans des jeux tels que Donjons & Dragons (l'âme du camarade Evans, alias es59 sur notre forum, est définitivement damnée) ou les Maîtres de l'Univers (comment considérer qu'un homme soit le plus fort dans l'univers, en lieu et place de Jesus).
Cette campagne a donc engendré une émission comme Deception of a generation et des livres comme Turmoil in the Toybox.

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Blackstar est naturellement égratigné. Sur l'image de gauche ci-dessus, la silhouette d'un Démon extraterrestre se distingue aisément.
Je reproduits ici l'échange le concernant entre Gary Greenwald et Phil Philipps dans l'émission Deception of a generation. Les deux hommes embrayent dans la foulée sur la gamme The Unfaceables, distribuée en France sous le nom Les Mutors, prolongement de celle de Blackstar.

Concrètement, je ne sais pas si les Démons extraterrestres brillent dans le noir, sic ... En même temps, ça ne m'a jamais sauté aux yeux non plus pour le sceptre d'Evil-Lyn,  Mais avec toutes ces considérations, je comprends que le papa du petit barbarian n'était pas enclin à lui acheter des jouets (cf.: podcast FulguroPop du 13 février 2023). Il était prévoyant et ne voulait pas que l'âme de son fils ne soit irrémédiablement pervertie.

Voici la conclusion de ce passage à la loupe volontairement désordonné des treize épisodes du dessin animé Blackstar. Et il s'achève sur une très bonne note puisque l'épisode Search for the Starsword est excellent, dans la continuité de City of the Ancient Ones.

Pour autant, je comprends les intentions de considérer Search for the Starsword comme l'épisode d'ouverture du dessin animé. John Blackstar bénéficie d'une nouvelle présentation par Mara, celle de « chef des rebelles », tandis qu'Overlord, dont la théâtralité crève l'écran, exsude la malfaisance, et l'hubris qu'il dégage l'impose comme l'un des plus fantastiques Seigneur des Ténèbres des années 80. Aucun membre de l'aréopage sur laquelle il exerce son joug n'aurait l'idée de le conspuer. En version française, la preuve manifeste réside dans ses tirades telles que : « Je suis le tout puissant Overlord » ou encore « Je vais devenir le maître de l'univers » … Son ambition va donc bien plus loin que le règne qu'il exerce déjà sur Sagar, le tout exprimé sur un ton péremptoire. L'expression même de « maître de l'univers » va faire son petit bonhomme de chemin jusqu'à une célèbre gamme de jouets de chez Mattel, mais elle est également galvaudée par nombre de personnages malfaisants des années 80. Sélection retenue : le baron Vladimir Harkonnen dans l'adaptation de Dune (1984) : « Celui qui est maître de l'épice est maître de l'univers ». Mais avec le même excès de confiance, ou d'aveuglement, des personnages tel que le Grand Stratéguerre (épisode final de Goldorak titré Ce n'est qu'un au revoir) ou encore le Burlock qui prend forme humaine dans l'épisode Panique sur le campus de Sharivan, balancent ce genre de paroles qui se révèlent fallacieuses au final.
La séquence à retenir concernant Overlord est peut-être celle de la caverne dont les vastes dimensions offrent un écho approprié aux ambitions du sorcier, celles de compléter la Powerstar. L'image d'Overlord qui se tient à l'extrémité d'un promontoire gelé qui surplombe le vide, levant sa propre épée pour l'unir à celle de l'image de l'épée stellaire dans la paroi glacée, est un exemple du spectacle souvent grandiose qu'offre le dessin animé.  

Concernant Blackstar lui-même, si John Kenneth Muir le considère peut-être exagérément comme un surhomme à la musculature herculéenne dans sa critique de l'épisode City of the Ancient Ones, il faut quand même reconnaître que le personnage, bien que doté d'une force physique incroyable ne bénéficie pas d'un corps aussi bodybuildé que Musclor par exemple. Son apparence est plus féline, comme celle de Tarzan. N'empêche, il est capable de soulever un énorme rocher en direction des Lavalocs, et d'une manière générale, il parvient toujours, avec ou sans aide, à se déjouer des pièges tendus par Overlord. Mais ce n'est pas de tout repos. A titre d'exemple, Warlock, son "Dragon volant", qui l'accompagne dans des numéros de voltige étourdissant est ici en partie "remplacé" par un énorme chiroptère qui emporte le justicier de Sagar jusqu'à son nid pour qu'il soit dévoré par sa progéniture !

Tout l'épisode se déroule dans un décor absolument fantastique (sur Sagar, de tels lieux portent le nom de « Canyon of Flames » ou « Pit of Darkness »)! Dès les premières secondes, l'attitude de Blackstar et de ses amis qui consiste à pique-niquer dans un environnement volcanique a quelque chose de discordant, de disruptif, digne d'une peinture comme Thaw, The march of the Iron Scarecrows ou encore Before the Storm de Jakub Różalski. Les codes habituels sont ici balayés. : aucun paysage bucolique à l'horizon mais des volcans massifs en éruption et des failles insondables. La réalisation met remarquablement en valeur ces reliefs géographiques. Les gouffres sont vertigineux. La noirceur qui les habille préfigure les abîmes du Château des Ombres et l'idée qu'ils seraient sans fond … Mais sur Sagar, le ciel rouge et la largeur considérable des failles amplifient le malaise ressenti.
Les perspectives insufflent même la peur que ces abîmes pourraient être habités par des créatures ou des déités aux proportions sans commune mesure avec les monstres habituellement rencontrés.

Dans cet épisode, les Lavalocs sont à l'honneur. Et hormis, une séquence d'apparition trop rapide en début d'épisode, ils sont magnifiquement exploités. On découvre qu'ils sont générés par la roche des volcans, émergeant des falaises rougies et abruptes ou des cinérites. Ici les rochers prennent donc littéralement vie, leur menace est donc hautement insidieuse. Une impression cauchemardesque encore une fois, plus déstabilisante par exemple que les images oniriques de rochers monstrueux qui se forment dans l'esprit d'Esteban, alors en proie au mal de mer dans son voyage vers le Nouveau Monde (dessin animé Les mystérieuses cités d'or). D'ailleurs, dans le dessin animé Blackstar, avec leurs yeux jaunes dénué de pupille, les Lavalocs sont plus effrayants que leurs homologues dans la gamme de jouets qui sont équipés d'une cartouchière et d'une rocket ... complètement hors de propos !
Le Puits des Ténèbres est donc le lieu où ils apportent leurs offrandes à leur maître Overlord, celui qui vraisemblablement leur insuffle la vie grâce à sa sorcellerie.
Si les Lavalocs sont toutefois des ennemis que John Blackstar peut soulever facilement, ainsi que Mara grâce à ses pouvoirs magiques, leur nombre fait leur force. Et la recherche de l'épée stellaire de Blackstar se révèle plus dangereuse que celle du glaive de Musclor dans l'épisode des Maîtres de l'Univers Quest for the sword qui là aussi met en scène un peuple premier constitué de roche.

J'ai adoré le rôle des Trobbits dans l'épisode Search for the Starsword. Ils apportent une touche humoristique bienvenue dans le dessin animé. Leur présence dédramatise un tant soit peu l'aspect hostile des lieux, même si j'aurais aimé que la séquence de la rivière souterraine qu'ils descendent soit rallongée, en introduisant quelques créatures horribles habitant les profondeurs par exemple (une idée exploitée dans l'épisode The Mermaid of Serpent Sea) puisque les lieux sont propices tant à la claustration qu'à la peur de l'eau.

Le mot de conclusion sera pour l'ambiance sonore. Signée Yvette Blais et Jeff Michael, la bande originale s'entend quasiment en continue dans le dessin animé, et les différents thèmes accompagnent parfaitement les situations développées, lieux traversés, et créatures rencontrées, tant les séquences de tension élevée que les situations plus légères. Une grande réussite du dessin animé.

Je partage deux pages publicitaires extraites des archives de Nathalie:

Une nouvelle page du catalogue de Noël 1985 des Nouvelles Galeries (un catalogue absolument magique ) et une page du catalogue Prodij de l'année 1986

Concernant les exemplaires neufs sous blister Orli Jouet, quelques années en arrière, j'avais le sentiment que John Blackstar, le héros, était le personnage qui bénéficiait le plus d'offres sur des sites comme eBay ... A l'inverse, je n'ai quasiment jamais observé d'annonce pour Overlord ou Klone en édition Orli Jouet    (D'ailleurs même en édition Galoob, je trouve qu'Overlord est difficile à trouver aujourd'hui). En 2023, d'une manière générale, les jouets Blackstar à l'état neuf et en édition Orli Jouet doivent être assez rares sur le marché de la collection.

https://www.twitch.tv/videos/1716567953?lang=da

Ci-dessous, le visuel de la couverture du numéro 11 de Retro Lazer auquel notre barbarian a participé

Superbe sculpture ce Château de glace, une version assurément non-commercialisée sous cet aspect  (couleur, plastique mat, les deux gargouilles latérales non phosphorescentes, le sol en carton, etc...). J'aime beaucoup le rendu de ce château

Je vous propose ici de résumer les commentaires des artistes qui interviennent dans les bonus duo DVD Blackstar. Je ne parviens pas toujours à saisir clairement leurs paroles, certains parlant très vite, comme Marc Scott Zicree, d'autres dans leur barbe, comme Michael Reaves (Malheureusement décédé cette année le 20 Mars).

L'inénarrable Lou, décrit les origines de Blackstar comme je l'ai retranscrit dans la revue Rétro Lazer : Envoyons un terrien dans l'espace s'échouer sur une planète inconnue, un peu façon John Carter ou Flash Gordon. Il revient sur les dessins préparatoires dans lesquels Blackstar est identifié comme un afro-américain, et il indique qu'au moment de le présenter aux clients potentiels, ils décidèrent d'en faire une version caucasienne, vaguement natif américain (amérindien). Il précise que ce n'est pas pour un quelconque préjudice racial et rappelle que Filmation a ouvert la voie à la diversité ethnique dans ses programmes depuis les années 60.

En duo avec Lou, il n'évoque guère Blackstar. Il remercie surtout Filmation de lui avoir donner sa chance (il travaillera plus tard notamment sur Batman the Animated Series dont il est également producteur et c'est également le créateur de Cortex et Minus). Il se remémore une anecdote datant de la période pendant laquelle Filmation travaillait sur quantité de séries, dont Blackstar : Ils sont au restaurant avec Scheimer, qui ne dort que 3 à 4 heure par nuit depuis 7 jours. Le serveur présente la carte du menu et tend la main. Lou pose sa tête dessus comme si c'était un oreiller tellement il est fatigué. Ruegger explose de rire, il n'a jamais vu un truc aussi drôle! Mais concrètement, sur Blackstar, cette interview est proche du néant.

Avec Michael Reaves, ils se connaissent depuis le collège et partagent tout deux une passion pour les récits fantastiques et de science fiction. Il a adoré travailler sur ce dessin animé car il jouissait d'une grande liberté. L'inspiration pour Warhoun, la baleine volante, lui est venue de la faune marine d'un récit futuriste de Superman dans lequel les êtres humains n'existent plus, des robots ont pris leur place, etc... Il fut également déçu de la version finale du personnage de Grogon, qu'il décrit comme un humanoïde dont le visage est un croisement entre le chien et le cookie    (si j'ai bien compris). A la base, Zicree l'avait décrit comme un homme léopard et ... voilà le résultat :

Il adore par contre le design de Warlock, il possède d'ailleurs le jouet sur son bureau. Il a apprécié donner un "Lore" à Sagar, une consistance, un monde cohérent. Il aime également beaucoup la palette de couleur de la série, particulièrement le ciel vert.

Michael revient sur ses débuts à Filmation, et explique son rôle en tant qu'artiste sur les storyboards ainsi que l'organisation de son travail. Lorsqu'il travaillait sur Blackstar, il était également sollicité pour Zorro et Lone Ranger. Il a de bons souvenirs chez Filmation mais n'évoque quasiment rien au sujet de Blackstar.

Robby parle de ses débuts en freelance chez Filmation et de sa fierté de voir un script transformé en dessin animé même s'il est déçu par les changements opérés. Cela nous fait une belle jambe, merci Robby pour ton intervention pertinente au sujet de Blackstar. Ironie bien entendu...

Le prolifique Michael Reaves, lorsqu'on lui présente les artworks de Blackstar, se dit immédiatement que c'est pour lui! Travaillant en parallèle sur un roman (j'avais compris "Shadow world" mais il semble que ce soit Dragonworld qu'il a co-écrit avec Byron Preiss), il s'inspire de ce roman pour les épisodes The Zombie Masters et City of the Ancient Ones. Il n'aurait jamais cru à une édition DVD de Blackstar 25 ans après!

Avec Marc Scott Zicree, ils forment un duo efficace sur Blackstar, chacun y apportant ses influences. Michael Reaves est très impressionné par les "zombifications" des divers personnages dans l'épisode The Zombie Masters.

Robert Kline rappelle que contrairement à la plupart des autres programmes du studio, Blackstar est une pure création. Il se souvient qu'une bible a été rédigée et que les premiers artworks étaient trop détaillés pour être animés. Le choix pour la couleur des Trobbits fut également fastidieux et moult essais ont été effectués. Il rappelle également l'admiration de Scheimer pour Disney , ce qui explique la scène du générique dans laquelle Blackstar est allongé tel Blanche-Neige, devant les Trobbits.

Ted-Field II précise qu'il ne venait pas chez Filmation pour des programmes du genre comédie, mais clairement pour l'aventure. Il se rappelle des rendez-vous avec Lou Scheimer, dans son bureau aux studios Filmation. Ce dernier avait l'art et la manière de "Teaser". En étalant différents artworks des programmes qu'il pouvait vendre sur son bureau, avec en dessous d'autres artworks spectaculaires de futurs projets dont il ne pouvait bien évidemment rien révéler ... Technique de vente bien connue  
Ted ne se rappelle aucunement une présentation d'un Blackstar afro-américain.

Dans les bonus du coffret DVD zone 1, vous pouvez télécharger les scripts de tous les épisodes et quelques storyboard. Sinon vous pouvez les consulter librement ici :

https://archive.org/details/Blackstar_TV_Show_Scripts/Blackstar%20Episode%2001/

On peut y apprendre, par exemple, que Shaldemar devait avoir une voix androgyne et sifflante...

‌Blackstar était LE dessin animé sur lequel je voulais le plus travailler. Je baignais dans les comics Sword & Sorcery et j’aimais Arok le Barbare du studio Ruby-Spears qui était diffusé sur la chaîne ABC. En fait, c’est en observant le succès d'Arok le Barbare que CBS s’est tourné vers Filmation  pour produire un dessin animé d'aventure et de fantasy. Et à son tour, c’est Blackstar qui a suscité l'envie chez Mattel de voir Filmation créer le dessin animé des Maîtres de l'Univers.

Malheureusement, je n’ai pu toucher qu'à quelques scènes de storyboard lors de l'étape de nettoyage. A ce moment-là, mes compétences limitées en dessin m'ont éloigné du projet. Toutefois, à la fin de la saison 1981, Karl Geurs a conclu un accord pour que certains d’entre nous travaillent six semaines durant en tant qu’intermittents. À cette époque, j'ai progressé en dessin à raison finalement d'une pratique de 40 heures par semaine pendant 5 mois.

Ce qui était vraiment génial, c’est que le département d’animation adjoint avait déménagé dans les locaux de Canoga Park dans lesquels étaient stockés les décors de Jason of Star Command et Space Academy, des séries live produites par Filmation dans les années 70. Les bureaux ont été littéralement installés sur les plateaux de science-fiction! J’aurais aimé prendre des photos! Oui, c’est James Doohan (Scotty de Star Trek) à gauche sur la photo ci-dessous (en lien spoiler)!

Concernant les tarifs, et à titre de comparaison avec la gamme Guerres Secrètes de Mattel, deux figurines telles que Captain America et Docteur Fatalis (référence H sur le visuel) étaient vendues par binôme au prix de 7,99 $. Pour l'achat de quatre figurines, le prix était de 13,98 $. La Tour Fatalis (référence G) était vendue 20,99 $, et la Roue Infernale (référence J), 17,99 $.